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Œuvre du mois - Daniel Dezeuze

SORTIR DU CADRE AVEC DANIEL DEZEUZE


 

Daniel Dezeuze
(Alès, FR, 1942) 
Une gaze au carré noir, 1979 
Acrylique sur papier et gaze
108 x 165 cm
Acquisition par la Ville de Liège en 1979 


Fils d'artiste, Daniel Dezeuze est né à Alès en 1942 et passe sa jeunesse à Montpellier. Il y suit des cours en élève libre à l'Ecole des Beaux-Arts, de 1959 à 1962. Il poursuit ensuite des études d'architecture et d'urbanisme à l'université de Mexico et séjourne en Amérique du Nord.

En 1967, il s'installe à Paris. A cette époque, Dezeuze décide de présenter des châssis nus, sans toile, qu’il pose contre un mur, à même le sol, après les avoir peints ou recouverts d’une pellicule de plastique. Cette radicalité l’amène à rencontrer d’autres artistes qui questionnent l’œuvre d’art, et remettent en cause son statut, sa disposition dans l’espace d’une galerie ou d’un musée. Jean-Pierre Pincemin, Claude Viallat, Louis Cane l’invitent ainsi à participer en 1969 à une exposition organisée au Musée du Havre intitulée La Peinture en question. Dezeuze en cosigne la déclaration-manifeste, où l’on peut lire cette phrase : « L'objet de la peinture, c'est la peinture elle-même et les tableaux exposés ne se rapportent qu'à eux-mêmes ».

C'est à la suite de cette exposition que naît en 1970 le mouvement « Supports-Surfaces » dont Dezeuze est fondateur et membre actif avec Viallat, Pincemin, Saytour et Pagès, et dont la première exposition a lieu au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris la même année.

« Supports-Surfaces » sera l'un des derniers mouvements artistiques d'avant-garde français du 20e siècle. Préoccupés par la recherche d'une définition du langage pictural, réfléchissant sur la matérialité de la peinture, en particulier sur son support et sa surface, les artistes du groupe veulent également mettre en cause le marché de l'art, ainsi que certaines règles comme la date et la signature. Théories qu'ils développeront dans la revue Peinture. Cahiers théoriques, avant que les artistes ne se séparent en 1972.

Marqué par l'art américain de l'époque, abstrait ou minimaliste, Dezeuze en effectue une relecture. 
Dans ses quadrillages, ses échelles souples, ses châssis vides caractéristiques des années 1970, il expérimente sans cesse des matériaux considérés comme pauvres, tels que filets, grillages, bois, tissus, gaze, ou tarlatane, qu’il découpe, assemble, recouvre de bitume, de feutre, ou de teintures.
Dans les années 1980, Daniel Dezeuze revient à une certaine figuration, entre art brut et arte povera, tout en continuant de réaliser des séries de dessins à la craie ou au pastel.

L’œuvre Une gaze au carré noir a été acquise en 1979 à l'occasion d'une exposition organisée par la Ville de Liège, en collaboration avec l'Apiaw (Association pour le progrès intellectuel et artistique en Wallonie) au Musée d'Art moderne, aujourd’hui La Boverie.

Françoise Safin
Conservatrice honoraire / Musée des Beaux-Arts